lundi 13 décembre 2010

Avant que je ne tombe.

Avant que je ne tombe en fragiles morceaux
Décatis et pourris : et la chair, et les os
Rongés par les termites érodeurs de tombeaux
Mangeurs de charognes qui s'enfuient en lambeaux.

Avant que la poussière me comble dans les cendres
Avant que vers Pluton, en enfer je descende
Dans le fleuve oublié des écorcheurs de viande
Où l'on suce la moelle, ivre de sarabande

Je voudrais vous revoir, êtres cent fois aimés
Savoir qu'un peu de nous a encor' perduré
Dans les sables du temps, dans le bleu d'un été
Et dans les contretemps de nos deux destinées

Je voudrais voir aussi les étendues herbeuses
Des steppes de Russies, les cendres sulfureuses
Des montagnes d'Asie, ton enfance râleuse
Quand tu en avais six, quand tu étais heureuse

Je voudrais tout tenter, d'ivresse me brûler
Dans la fécondité des mânes, d'une idée
Couler dans les plaisirs, couler, couler, couler...
Pour un rien désirer, pour un rien m'écorcher

En prendre plein les yeux, des lumières de villes
Des couchers de soleil, des battements de cil
De la drogue, du temps, des bourrades viriles
Etre un homme, une femme, un gentilhomme, un vil

Eclater au début, dissoudre mes vertèbres
Sentir le safran nu, courir auprès des zèbres
Etre un maître en philo, être un maître en algèbre
Chanter comme Lou Reed, ou interpréter Phèdre

Tout vivre, tout connaître, tout voir et tout risquer
Pour cela il faudrait vingt cinq éternités
Je ne peux que l'écrire et peut être inventer
Toutes ces vies perdues, toutes ces vies aimées.

Un de mes préférés car venu très spontanément. Dois-je garder la fin?

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